Les professionnels de santé et les objets connectés : ubérisation ou transformation ?

10 000 pas

Figure extraite de la présentation de M. Barthoulot (eHealth2016)

L’année dernière, pour les fêtes de fin d’année, les couloirs du métro parisien étaient recouverts d’affiches vantant les mérites d’objets connectés dédiés au bien-être et à la santé. Avec ces bracelets, balances et tensiomètres nous allions tous générer nos données et prendre en main notre santé. On imagine bien que certaines startups rêvaient alors d’ubériser la santé en établissant un lien direct avec les personnes, s’affranchissant des professionnels de santé qui seraient bientôt ringardisés par des algorithmes. Quelques mois plus tard le soufflé semble retombé. Les affiches ont disparu et les premières études d’évaluation, comme celle des 10 000 pas, ont des résultats mitigés. Dans cette étude, au bout de deux mois, l’enthousiasme des premiers jours s’est essoufflé et le nombre de pas quotidiens est revenu au niveau initial (voir la figure qui illustre ce billet).  Un objet seul, aussi connecté et intelligent soit-il, est insuffisant pour faire évoluer dans la durée les comportements.

On voit par contre apparaître désormais des dispositifs qui incluent les professionnels de santé en proposant une relation triangulaire entre le patient, l’objet et le professionnel. Citons l’expérience du monitoring postopératoire dans un service de chirurgie à Angers, ou le positionnement d’une startup  comme « plateforme d’intermédiation médicale de santé connectée en officine ».

Comme le dit John le Carré, les données recueillies par les services secrets ne sont pas de l’information. Ils ne sont pas de la connaissance. Et même quand ils le deviennent cela doit être dans le lieu, le jour et le bâtiment adéquat, et avoir été assignés au bon niveau de priorité. Avec la révolution technologique que nous vivons, l’acquisition des données ne sera plus le facteur limitant, cela sera leur transformation en connaissance et leur utilisation dans les processus de décision. Les professionnels de santé y auront toute leur place, s’ils savent la prendre.

One Response to “Les professionnels de santé et les objets connectés : ubérisation ou transformation ?

  • Ludovic Cépré
    7 années ago

    En effet, on a beaucoup trop vite imaginé que « l’objet ferait le sujet » si j’ose dire… Et c’est tentant pour des raisons tout simplement économiques : ce qui coûte cher aujourd’hui c’est le temps humain. Donc rêver de systèmes qui épargnent voire écartent presque totalement le temps humain, professionnel et donc rémunéré, c’est tentant… Mais ca ne va pas fonctionner car la relation humaine est la seule à ce jour à pouvoir être porteuse de sens. Une habitude de vie est le fruit d’un sens dans notre vie, souvent profond (pas toujours). Et le changement de comportement durable implique que l’on ait trouvé le sens de nouvelles habitudes de vie. Ce sens est particulièrement construit et conforté dans des interactions affectives avec nos semblables.
    Un bracelet connecté ne peut faire plus que fournir des données potentiellement utiles pour objectiver des comportements. Pas leur donner un sens…
    Alors bravo pour cet article de très bon… sens !! 🙂
    Ludovic

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